Profil social national, Edition 2012 « Hygiène et assainissement au Bénin: Handicap ou opportunité pour l’amélioration des conditions de vie de la population ?

Profil social national, Edition 2012 « Hygiène et assainissement au Bénin: Handicap ou opportunité pour l’amélioration des conditions de vie de la population ?

2013

OCS : Observatoire du Changement Social

OCS : Observatoire du Changement Social

Evaluation thématique

Les conditions sanitaires de la population

Environnement | Genre | Droits Humains

Santé

Objectif général: Evaluer les conditions sanitaires des populations sur le plan de l’hygiène et de l’assainissement au Bénin

Objectifs spécifiques:

  • faire l’état des lieux dans le sous secteur de l’hygiène et de l’assainissement
  • évaluer les conditions sanitaires de la population sur le plan de l’hygiène et de l’assainissement
  • faire une analyse comparative des conditions de vie des populations des communes faiblement, moyennement et plus assainies, en ressortir l’handicap ou l’opportunité pour l’amélioration des conditions de vie de la population
  • analyser les facteurs explicatifs des comportements des populations en matière d’hygiène et d’assainissement
  • analyser les perspectives en matière d’hygiène et d’assainissement

Orientations stratégiques :

L’approche méthodologique est constituée de l’état de la question à travers la revue documentaire et les différentes enquêtes de terrain (guides d’entretien et de questionnaires).
L’étude a couvert les douze départements du Bénin, et a exploré les milieux urbain, périurbain et rural. Quatorze communes (soit 18,18% des communes du pays) avec une taille totale de 1600 ménages échantillons ont été retenues avec 1000 dans les villes à statut particulier. Logiciels Epi-Data, SPSS et Excel utilisés.

Etat des lieux dans le sous secteur de l’hygiène et de l’assainissement : Pendant longtemps, la gestion du secteur de l’hygiène et de l’assainissement au Bénin s'est basée sur des textes datant de la période coloniale. C’est seulement en 1987 que le Bénin s’est doté de deux nouvelles lois pour réglementer le sous-secteur. Il s’agit de :

  • la Loi n° 87-15 portant code d’hygiène permettant de réglementer le comportement des citoyens vis-à-vis de leur cadre de vie ;
  • la Loi n°87-16 portant code de l’eau.

Ces deux lois n’ont pas comblé les attentes, surtout parce qu'elles n'ont été que faiblement vulgarisées.
Le Bénin s’est ensuite doté, en 1990, d’une nouvelle Constitution qui, en ses articles 27, 28, 29 et 74, a érigé en droit constitutionnel, le droit à un environnement sain. Dès lors, il est devenu impérieux de doter le pays d’une vraie politique en matière d’assainissement. C’est alors qu’a été adoptée la politique nationale d’assainissement (PNA). Cette politique fondée sur un état des lieux du sous secteur de l’hygiène et de l’assainissement a mis un accent sur les problématiques suivantes :

  • un faible taux de couverture dans la quasi-totalité des domaines du secteur ;
  • une dispersion des rôles et un manque de précision dans leur définition ayant constitué un blocage sérieux à l’efficacité des services.

Le droit constitutionnel à un environnement sain a conduit à l'adoption de la politique nationale d’assainissement (PNA). Pour atteindre ces objectifs, il a été décidé de la création de différents comités et organes. La contre performance notée dans le secteur s’explique par la mobilité des cadres et le manque de suivi des différentes étapes du processus. En somme, les principes de la PNA ont été mis en œuvre même si certaines insuffisances ont été notées ça et là.

Evaluation des conditions sanitaires de la population sur le plan de l’hygiène et de l’assainissement : Les quantités produites de déchets solides ménagers au Bénin sont impressionnantes : la production moyenne de déchets solides ménagers est estimée à 0,42 kg / habitant / jour avec une quantité nationale annuelle de déchets solides ménagers estimée en 2012, à 1 381 525 tonnes. Les communes du Bénin peinent à trouver une solution permettant de gérer efficacement les déchets.

Les déchets biomédicaux sont évalués à 1396,125 tonnes, soit un volume de 3405,6 m3 de déchets provenant de 2345 formations sanitaires dont 1744 pour le secteur privé et 601 pour le secteur public (DHAB 2009).
Les eaux usées domestiques sont issues des activités ménagères (eaux de cuisine et de lessive). Dans 66,9% des ménages urbains, elles sont simplement rejetées dans l'enceinte des parcelles, sur les voies publiques ou dans les ouvrages d’assainissement (caniveaux). En ce qui concerne les excréta, on remarque quatre (4) modes d’aisance aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain. La défécation dans la nature constitue le principal mode d’aisance en milieu rural (68%). A Cotonou, l’utilisation des latrines à fosse ventilée est plus remarquée. Seulement 3,7% des populations béninoises utilisent des toilettes avec chasse d’eau et le reste utilise des latrines sèches simples. Les modes de gestion des excréta rencontrés dans les zones lacustres, sont la défécation directe dans les plans d’eau.

La problématique du secteur est marquée par quatre points essentiels :
Responsabilité des communes faiblement assumée, volonté politique insuffisamment affirmée dans le secteur de l’hygiène et de l’assainissement, cadre juridique et institutionnel favorable mais l’inexistence de coordination et de leadership du secteur a constitué un handicap à son développement jusqu'à récemment, Faible utilisation des mécanismes durables de financement du secteur de l’hygiène et de l’assainissement.

Analyse comparative des conditions de vie des populations: Selon les responsables des centres de santé rencontrés, les principaux maux qui sévissent dans les quartiers périphériques et insalubres des communes plus assainies sont la diarrhée et le paludisme (40%). Cet état de choses est exacerbé par la non observance des règles d’hygiène après la défécation des enfants.
Dans les communes moyennement assainies, les principaux maux qui continuent de sévir dans ces communes sont la diarrhée, le kwashiorkor et le paludisme. Selon ceux-ci, 45% des patients souffrent du paludisme, ce qui témoigne du manque d’hygiène et d’assainissement du cadre de vie de ces populations (mauvaise gestion des déchets liquides et solides). Dans les communes moins assainies, on note la prévalence surtout dans leurs quartiers périphériques et insalubres de certaines maladies telles que la diarrhée, le kwashiorkor et le paludisme. 50% des patients souffrent du paludisme ce qui dénote de la non observance des bonnes pratiques d’hygiène et d’assainissement dans leur cadre de vie.

Facteurs explicatifs des comportements des populations en matière d’hygiène et d’assainissement : Près de 9 ménages sur 10 (88,6%) ne disposant pas de latrines dans son ménage évoquent le manque de moyens financiers comme principale raison de l’absence de cette infrastructure. Cependant en dehors de l’insuffisance de revenus pour se doter de cet équipement important, les habitudes socioculturelles pourraient aussi expliquer dans la mesure où certains enquêtés continuent de ne par voir l’intérêt d’en disposer ou évoquent les nuisances (odeur/danger/honte) pour ne pas en disposer.
En ce qui concerne les ordures ménagères, seulement 26,4 % des ménages enquêtés ont déclaré se débarrasser de leurs ordures ménagères par la voirie privé/ONG ou par la voirie publique alors que sur le plan national la proportion est de 13,1% (EMICOV, 2010). Les pratiques dominantes sont l'abandon des ordures dans l'espace public. Quatre ménages enquêtés sur 10 (40,5%), justifient cette manière de se débarrasser des ordures par l’inexistence de système de collecte des ordures ménagères dans leurs localités.
Il ressort de l’examen de ces éléments que le niveau d’instruction, le standing de l’habitat et les conditions socio économiques constituent entre autres des déterminants plausibles en matière de connaissances, comportements, aptitudes et pratiques des communautés dans les domaines de l’hygiène et de l’assainissement dans les communes échantillon sur toute l’étendue du territoire.

Perspectives en matière d’hygiène et d’assainissement :
Les communes bénéficiant depuis 5 ans de ressources transférés et de fonds mis à disposition au travers du FADEC affecté, ont pu et pourront réaliser des ouvrages à usage collectif en milieu scolaire, dans les centres de santé, les lieux publics (marchés, gares) augmentant ainsi significativement l'accès des populations à l'hygiène et l'assainissement.
L'économie de temps pour les membres actifs des ménages est un élément d'opportunité en termes d'hygiène et d'assainissement.
En termes de coût d'opportunité, le Bénin perd 52 milliards FCFA chaque année à cause d'un mauvais assainissement, dont 39 milliards à cause de morts prématurées (7.000 béninois dont 4.300 enfants de moins de 5 ans), 350 millions de perte de productivité pendant la maladie et 1,6 milliards de frais de soins de santé. Les pauvres payent plus cher que les riches les effets du mauvais assainissement. Dans ces coûts économiques sur la santé provoqué par le manque d'assainissement ne sont pas comptés les coûts adjacents des funérailles, des épidémies, de la pollution durable de l'eau, de la perte d'efficacité des actions de développement, etc., autant de pertes que tous les efforts en matière de santé ne peuvent en aucun cas contrebalancer.

Destinataires : Le gouvernement, les collectivités locales et les ONG.

Niveau d'exécution : Inconnu