Impacts de la gratuité de l’enseignement maternel et primaire sur la pauvreté, le social et les OMD

Impacts de la gratuité de l’enseignement maternel et primaire sur la pauvreté, le social et les OMD

2012

OCS : Observatoire du Changement Social

OCS : Observatoire du Changement Social

Evaluation d'opérations

Gratuité de l’enseignement primaire et maternelle

Genre | Droits Humains

Education

Objectif général: L'objectif général poursuivi à travers la réalisation de cette étude est d’analyser les effets à court terme et à long terme de la mise en œuvre de la décision de gratuité de l’enseignement primaire et maternelle sur la pauvreté, le social et la réalisation des OMD en vue d’éclairer les décideurs politiques sur la manière de rendre encore plus efficace la décision

Objectifs spécifiques:

  • Analyser la demande sociale en éducation maternelle et primaire
  • Apprécier l’importance de la décision de la gratuité de l’enseignement maternel et primaire

Elle a combiné l’analyse quantitative et qualitative. La collecte a eu lieu dans 36 communes auprès de 982 ménages, des informateurs clés (155 Directeurs d’Ecole, APE, syndicats, jeunes déscolarisés, 72 CA, de 40 Chefs de Circonscription Scolaire (CCS) et 6 Directeurs Départementaux des Enseignements Maternel et Primaire. 224 Focus Group. Traitement statistique fait avec les logiciels CSPro, SPSS et Excel.

1. Analyse de la demande sociale en éducation: Avec les programmes mis en oeuvre pour le développement du secteur de l’éducation au Bénin, le niveau de préscolarisation passe de 4,47% en 2007 à 10,32% en 2010 pour une cible attendue à 9,37%. Cette performance témoigne de l’efficacité et de la dynamique des acteurs à tous les niveaux du système éducatif.
Au vu de la tendance de l’évolution du ratio élèves par encadreur, le renforcement des conditions d’enseignement à la maternelle s’avère indispensable. En effet, les valeurs atteintes entre 2007 et 2010 montrent une augmentation inquiétante de ce ratio qui est passé de 27,6 à 32,3 dans la période. Cette évolution inversement proportionnelle à la tendance souhaitée justifie la persistance des difficultés à concilier les avancées en terme d’accès et de participation à l’enseignement maternelle d’une part, et le renforcement de la qualité de la prise en charge pédagogique au niveau de cet ordre d’enseignement d’autre part.

L’examen du ratio élèves/maître (REM), présente une évolution qui illustre la dégradation globale de cet indicateur entre 2007 et 2010, ce qui pose le problème de couverture suffisante en enseignants dans un contexte de croissance des flux d’élèves. En effet, le ratio a connu une croissance à partir de 2009 pour atteindre 50,1 en 2010 juste au-dessus de la norme EQF de 50 élèves au plus par maîtres. Ce qui traduit une détérioration progressive des conditions d’encadrement des élèves du primaire au niveau national. Les efforts d’amélioration de l’offre d’éducation, à travers une disponibilité croissante des enseignants (avec surtout les reversements) n’évoluent donc pas proportionnellement à la croissance de la demande de scolarisation chaque année.

En dehors des questions de disponibilité en enseignants, un regard jeté sur le niveau de qualification du corps enseignant nous renseigne sur la qualité de l’enseignement dispensé aux élèves et révèle que le taux de qualification des enseignants reste structurellement faible : 46,6% en 2009 contre 44,7% en 2008 et 51,3% en 2007 (DPP/MEMP)
Pour ce qui est de la disponibilité des manuels, les moyennes nationales des ratios de manuels de français et de maths par élève ont montré une progression entre 2007 et 2010 : de 0,86 en 2007 à 0,99 en 2010 pour les manuels de français et de 0,86 en 2007 à 1,02 en 2010 pour les manuels de maths. Seulement, la norme d’un (01) manuel par élève en français et en math souhaitée n’est pas encore atteinte pour les manuels de français et constitue toujours un défi pour le Ministère.

2. Appréciation de l’importance de la décision de la gratuité : La décision de la gratuité a engendré une demande complémentaire qui s’est ajoutée à celle nécessaire pour l’amélioration de l’offre en éducation existante. Les projets et programmes sont donc des mesures d’accompagnement destinées à améliorer l’offre, pour faire face à la demande globale sans cesse croissante.

Les études récentes menées dans le secteur éducatif ont conclu au fait que les stratégies mises en oeuvre ont porté leurs fruits et, comme dans le préscolaire, l'introduction de la gratuité combinée avec des campagnes de sensibilisation a fortement contribué à accélérer le taux brut d'admission (TBA). Les inégalités filles/garçons en matière de fréquentation scolaire dans le primaire ont continué de se réduire. Globalement, il apparaît que les stratégies les plus efficaces ont été les mesures de réduction des coûts pour les familles et les activités soutenues de plaidoyer et de sensibilisation. Ainsi, l’observation des indicateurs d’accès notamment le taux brut de scolarisation (TBS) et le taux net de scolarisation (TNS), montre que ces deux indicateurs n’ont cessé de connaître une progression après la mise en oeuvre de la mesure. En 2010 le TBS se situait à 111% entraînant dans son sciage le TNS qui s’est affiché à 90,3%. Cela signifie qu’il y a eu beaucoup d’enfants qui ont pris le chemin de l’école. On peut donc affirmer que la mesure a contribué à drainer plus d’enfants dans les écoles.

Au total, l’Etat a concédé des efforts importants pour s’assurer que la hausse des effectifs consécutifs à la mesure de gratuité n’impacte pas négativement les conditions de scolarisation des enfants et les actions mises en œuvre ont même permis d’améliorer lesdites conditions. Mais ces efforts quoique remarquables n’ont pas encore permis d’atteindre complètement les normes EQF (Ecole de Qualité Fondamentale) dans l’éducation qui sont de 45,5 élèves pour un maître, 50 élèves par classe, 2 manuels (un de français et un de mathématique) par élève et 2 élèves par table/banc. Par ailleurs, sur le terrain certains acteurs continuent de déplorer les effectifs pléthoriques et le faible niveau d’encadrement des élèves (respectivement 31% et 20% des chefs de ménage), ce qui reflète un problème d’équité et d’optimalité dans les allocations en salles de classes, enseignants et manuels scolaires.
La perception de l’impact de l’instauration de la gratuité sur la qualité de l’enseignement est assez contradictoire selon les acteurs sur le terrain. En effet, alors que près de 50% des chefs de ménages enquêtés pensent que la qualité de l’enseignement est passable voire médiocre depuis l’instauration de la mesure de gratuité, la majorité des Chefs de Circonscription Scolaire interviewés pensent que la qualité de l’enseignement et le rendement du système éducatif primaire se sont améliorés avec l’instauration de la gratuité (respectivement 75% et 87,5%). Les DDEMP vont dans le même sens que les chefs de ménages.

Avant la mesure de gratuité, les ménages participaient au financement du système éducatif à travers le paiement de frais de scolarités et diverses souscriptions, l’achat de fournitures y compris les manuels scolaires, le paiement des enseignants communautaires, la construction des salles de classes, etc… Désormais avec la mesure de gratuité, leurs dépenses devraient se limiter à l’achat de fournitures scolaires autres que les manuels scolaires. Une grande partie des ressources auparavant consacrées à la scolarisation devient donc disponible et peut être orientée soit vers d’autres dépenses de consommation soit vers l’épargne et l’investissement. Ce qui devrait se traduire soit par une modification des coefficients de dépenses budgétaires soit par une augmentation de l’épargne des ménages.
En réalité les ménages continuent de supporter des dépenses pour la scolarisation de leurs enfants. Ainsi, 7,32% des ménages enquêtées qui envoient leurs enfants dans des écoles publiques paient encore la contribution scolaire.

Destinataires : Etat central (le gouvernement)

Niveau d'exécution : Inconnu