Evaluation des Espaces Enfance au Bénin

Evaluation des Espaces Enfance au Bénin

2014

MEMP : Ministère des Enseignements Maternel et Primaire

Martin COMPAORE, Jacob Dossa DAGAN : Consultants

Evaluation d'opérations

Espaces Enfance

Pauvreté | Bien-être | Economie sociale | Santé | Equité | Environnement | Genre

Education

L’objectif général de cette évaluation est de permettre au gouvernement et à ses partenaires de disposer d’informations descriptives et analytiques sur l’expérience des Espaces Enfance afin de renforcer les stratégies d’appropriation de l’approche communautaire de la pré-scolarisation telle que recommandée par le Plan Décennal du Développement du Secteur de l’Education 2006-2015.

De manière spécifique, il s’agit :

  1. d’évaluer la performance, notamment la pertinence, l’efficacité, l’efficience, les facteurs favorisant ou défavorisant la pérennité de l’expérience des Espaces Enfances.
  2. d'analyser les coûts, et les ressources, dans le but d’informer un plan de passage à l’échelle ;
  3. d'identifier les forces et les faiblesses, les leçons tirées de l’expérience, les opportunités et les menaces ; et
  4. de formuler des recommandations et des stratégies opérationnelles afin d’améliorer, de pérenniser et d’étendre l’expérience des Espaces Enfances à d’autres communes.

Depuis les années 1960, le Gouvernement du Bénin est confronté à de nombreux défis notamment au niveau du sous-secteur des enseignements maternel et primaire. Pour faire face à ces défis ainsi qu’aux engagements internationaux auxquels il a souscrit (EPT, OMD), le Gouvernement a pris à l’interne un certain nombre de dispositions légales et institutionnelles et a sollicité l’appui technique et financier de l’UNICEF et d’autres PTF. Le 1er accord de coopération BENIN-UNICEF (1994-1998) a permis la mise en place du projet EDUCOM I (Education et Communauté). Sur la base de ce projet et fort du besoin ressenti et exprimé par les acteurs et bénéficiaires, le Gouvernement, à travers le Ministère en charge des Enseignements Maternel et Primaire, a initié une expérience à base communautaire dénommée « Espaces Enfance ». Cette initiative a pour finalité de promouvoir l’offre équitable de pré-scolarisation et de scolarisation et de permettre aux femmes de participer pleinement à la vie socio-économique de leurs communautés.

Cette initiative a déjà évolué en quatre grandes phases correspondant aux cycles des Programmes successifs de Coopération Bénin-UNICEF (1994-1998, 1999-2003, 2004-2008, 2009-2013). Après plus d’une quinzaine d’années de pratique, il s’est avéré nécessaire pour les acteurs et les partenaires de procéder à une évaluation de l’expérience.

La méthodologie adoptée est déclinée en deux volets principaux.

D’une part, des données secondaires ont été collectées afin d’expliciter la conception du programme, d’apporter les réponses aux questions et de vérifier la théorie du programme. A cet effet, deux techniques ont été utilisées :

  1. L’analyse de tous les documents reçus de l’UNICEF et collectés auprès du MEMP, d’autres Partenaires Techniques et Financiers (PTFs) et ONG oeuvrant dans le sous-secteur de la petite enfance ; et
  2. Les enquêtes préliminaires auprès de deux groupes : (i) les bénéficiaires ou acteurs indirects du niveau central ou national et (ii) les autres acteurs indirects ou partenaires/parties prenantes du niveau central ou national. Un total de 31 personnes a été interrogé.

Les résultats issus de ces travaux ont été compilés dans un rapport qui a fait l’objet d’avis du Comité de Pilotage.

D’autre part, la collecte et l’analyse de données primaires ont permis de réaliser des investigations plus approfondies auprès de deux groupes cibles : (i) les bénéficiaires ou acteurs directs de l’initiative des Espaces Enfance ; (ii) les bénéficiaires indirects de principaux du niveau déconcentré ou décentralisé. Les 17 communes concernées par l’expérience et 8 communes voisines (soit 25 communes au total dans les 8 départements) ont été couvertes par cette collecte des données primaires. Ce sont ainsi 3223 personnes qui ont été enquêtées.

Pour ces deux grandes phases de l’évaluation, ce sont 136 Espaces Enfance qui ont été visités et 3254 personnes qui ont interviewées. La sélection de l’échantillon a été basée sur un choix raisonné. Les entretiens ont été réalisés au moyen de questionnaires et de guides. Des grilles d’observation ont été aussi utilisées.

Au regard de l’analyse documentaire et des points de vue exprimés par les acteurs, on peut retenir que l’expérience des Espaces Enfance est d’une pertinence certaine, puisqu’elle correspond bien aux besoins des bénéficiaires directs (enfants, parents, communautés) et indirects (collectivités, autorités nationales, départementales) ; de plus elle est en parfaite adéquation avec les priorités nationales du Bénin et permet d’atteindre les objectifs nationaux stratégiques dans le domaine de la pré-scolarisation et de la scolarisation des filles en particulier. Elle est un outil centré sur l’équité dans la mesure où les objectifs et les résultats planifiés ont pris en compte les besoins des filles comme ceux des garçons et en particulier celles et ceux des zones rurales défavorisées ou déshéritées.

Les réponses aux différentes questions posées attestent que de façon globale, l'initiative est d’une efficacité appréciable surtout sur le plan quantitatif: les résultats atteints sont spectaculaires en termes de nombre d’Espaces Enfance créés (314 environ), de leur capacité d’accueil (près de 14 301 enfants dont 7226 filles en 2013), de nombre d’animateurs/animatrices (322) assurant l’encadrement, de nombre de filles libérées et scolarisées (près de 14 300); ce qui contribue -à booster le taux de pré-scolarisation surtout celui des filles ainsi que le taux de scolarisation des filles et –à atteindre la parité filles-garçons ; l’autre résultat important c’est la libération de plus de 15 000 femmes (mères /tutrices) qui peuvent désormais contribuer à la vie socio-économique de leurs communautés et au fonctionnement des écoles. Ces résultats qui profitent aussi bien aux filles qu’aux garçons des zones déshéritées, sont en adéquation avec les priorités nationales du Bénin ; ils s’inscrivent ainsi en droite ligne de l’atteinte des objectifs nationaux. Par ailleurs, ces résultats ont été réalisés en dépit de multiples contraintes au niveau de l’offre et de la demande (ce qui constitue un exploit à saluer). Toutefois, cette efficacité devient relative étant donné que des efforts doivent être déployés pour assurer des résultats qualitativement supérieurs surtout lorsque l’on envisagera un passage à l’échelle nationale.

L’expérience des Espaces Enfance est d’une relative efficience en raison d’une part, d’une utilisation globalement judicieuse et optimale des ressources (à l’exception des ressources matérielles où des insuffisances sont notées), d’autre part, de l’existence de facteurs institutionnels et environnementaux assez favorables à cette efficience (plus importants que les facteurs défavorables). L’autre indicateur reconnu par les acteurs est le fait que la construction et le fonctionnement d’un Espace Enfance modélisé coûtent moins cher qu’une école maternelle classique, ce qui contribuerait énormément à renforcer cette efficience.

L’expérience des Espaces Enfance a un impact non négligeable : D’une part, il s’avère que les enfants, filles comme garçons, bénéficient effectivement d’un paquet de services intégrés dans l’esprit de l’approche DIJE ; en particulier, des parents et des enseignants auraient ressenti des acquis minimaux positifs chez les enfants dans le domaine de l’éveil et de l’éducation. D’autre part, un changement de mentalité est perceptible en faveur de l’éducation préscolaire et il existe des exemples d’imitation ou des tentatives d’extension des Espaces Enfance dans les communes non couvertes par l’expérience.

Etant donné que les différents acteurs se seraient bien approprié les méthodes et la stratégie de l’expérience, en particulier les communautés qui sont au coeur de la stratégie, compte tenu de l’existence de réelles possibilités pour une meilleure répartition des coûts ou des charges au niveau des acteurs ainsi que des facteurs potentiels favorables à un passage à l’échelle, la conclusion qui s’impose est que l’initiative des Espace Enfance peut être pérennisée.

En somme, on ne saurait douter de l’adhésion que l’on peut qualifier de forte et massive comme l’illustrent le bon accueil, l’implication active de chacun pour l’atteinte des résultats et l’engagement pris pour poursuivre dans cette voie en cas d’actions de pérennisation.

• 314 Espaces Enfance dont 152 transformés en Ecoles Maternelles (EM) publiques ; Encadrement assuré par au moins 322 animateurs/animatrices (74% de femmes) en 2013.

• Près de 14 301 enfants préscolarisés en 2013 (avec une majorité de filles, 50,5%) qui sont épanouis, éveillés et préparés au minimum pour le primaire (un cumul de 82 707 depuis 2003) : une forte contribution à l’augmentation du taux de préscolarisation (9,8% en 2013, 11,2% en 2011 contre 7,6% en 2007-2008 et 2 ,5% en 1994) surtout chez les filles et à l’augmentation du Taux Brut de Scolarisation (79,99% en 1999-2000 à 119,72% en 2011-2012), surtout celui des filles.

• Environ 14 300 filles libérées et scolarisées en 2012-2013: forte contribution à l’augmentation du Taux Brut Scolarisation des filles (65,16% en 1999-2000 à 116, 78% en 2011-2012) et à l’atteinte de la parité filles/garçons au primaire.

• Plus de 15 000 femmes libérées (en 2012-2013) et intégrées dans la vie socio-économique grâce aux AGR menées dans plus de 840 Groupements Féminins (GF).

• Existence d’Espaces Enfance fermés ou non fonctionnels (14 au minimum); un cadre physique souvent peu commode, vétuste, précaire, exigu, peu sécurisant ; insuffisance ou manque d’équipements, etc.) ; des salles de classes multigrades, souvent surchargées (48 en moyenne par classe).

• Des animateurs/animatrices souvent démotivé(e)s car peu ou non formé(e)s/recylé(e)s, irrégulièrement, faiblement ou pas du tout rémunéré(e)s.

• Des insuffisances au niveau des acquis chez les enfants (domaines de pré-lecture, pré-écriture, pré-mathématique).

• Présence, appui décisif et multiforme de l’UNICEF et présence d’acteurs engagés au niveau local pour un partenariat et la mobilisation de ressources (ONG, Groupements Féminins, Association des Parents d’Elèves (APE).

• Intérêt et motivation de la communauté de base avec changements de mentalités perceptibles.

• Demande d’éducation de plus en plus forte

• Existence d’écoles primaires et de personnel rattaché (directeurs, enseignants, etc.) comme garantie de pérennité et de sérieux, pour y rattacher le pré-primaire ou la maternelle.

• Processus de décentralisation en cours susceptible d’appuyer ou de relayer les communautés.

• Pauvreté générale de la population : peu de ressources.

• Non implication et/ou désintérêt des pères/tuteurs ou des hommes en général dans certaines zones du fait de quelques préjugés sexistes ou socio-culturels.

• Démotivation des animateurs/trices et des médiatrices.

• Environnement général de travail parfois peu favorable (retards accusés lors des rentrées scolaires dans le démarrage du travail).

• Surtout cette inflexion de la politique gouvernementale relativement à l’approche communautaire et du développement de la préscolarisation (sollicitation du privé en appui au public).

Destinataires : Gouvernement et MEMP

Niveau d'exécution : Inconnu

Destinataires : UNICEF

Niveau d'exécution : Inconnu

Destinataires : Autres PTF et ONG œuvrant dans le domaine du préscolaire

Niveau d'exécution : Inconnu

Destinataires : Collectivités locales

Niveau d'exécution : Inconnu

Destinataires : Communautés

Niveau d'exécution : Inconnu