Évaluation à mi-parcours du Programme de Cours Accélérés (PCA) au Bénin

Évaluation à mi-parcours du Programme de Cours Accélérés (PCA) au Bénin

2015

MEMP : Ministère des Enseignements Maternel et Primaire

Martin COMPAORE, Jacob Dossa DAGAN : Consultants

Evaluation participative

Le Programme de Cours Accélérés (PCA) au Bénin

Education | Equité

Education

Les objectifs généraux de l’évaluation sont :

  • d'analyser de façon critique tout le processus mis en place et les résultats spécifiques déjà atteints ; et 
  • de formuler des recommandations à l’endroit du gouvernement, de l’UNICEF, des communes bénéficiaires, du bailleur de fonds et des différents acteurs impliqués dans la mise en oeuvre du PCA en vue de renforcer le pilotage et l’adhésion des acteurs afin de garantir l’atteinte des objectifs de manière efficace et efficiente.


De façon spécifique, l’évaluation vise à : 

  • analyser la pertinence, l’efficacité du PCA ainsi que sa mise en oeuvre ;
  • analyser les documents pédagogiques, les outils et les démarches de mise en oeuvre des contenus de formation utilisés et les acquis des apprenants ;
  • analyser le fonctionnement des centres PCA, les mécanismes de pilotage et de coordination de la mise en oeuvre du PCA aux différents niveaux : MEMP, UNICEF et communes ;
  • analyser la capacité de mobilisation des ressources des communes bénéficiaires en faveur des activités du PCA ;
  • apprécier l’adhésion des différents acteurs impliqués dans le PCA ;
  • identifier les facteurs positifs et négatifs qui influencent le fonctionnement des PCA;
  • analyser la perception des bénéficiaires ;
  • faire des recommandations pour améliorer la mise en oeuvre et trouver des mécanismes de pérennisation de l’expérience du PCA ;
  • proposer un modèle de PCA qui soit réaliste et généralisable ;
  • donner un aperçu sur des expériences similaires menées au Bénin en matière d’éducation alternative.

Le Gouvernement du Bénin, face aux défis importants qui se posent au système éducatif du pays et dans le souci de remplir ses engagements internationaux (Éducation Pour Tous ou EPT, Objectifs du Millénaire pour le Développement ou OMD), a opté pour une politique résolue en matière d’éducation. C’est ainsi que, pour atteindre la scolarisation universelle, il a initié et mis en place depuis 2012, un Programme de Cours Accélérés (PCA) avec l’appui technique et financier de l’UNICEF et de l’USAID.

Le programme vise à donner une deuxième chance aux enfants et adolescents âgés de 10 à 17 ans qui, soit ont été exclus de l’école (enfants déscolarisés), soit n’ont pas eu la chance d’accéder à l’école (enfants non scolarisés). Ces enfants hors de l’école ont été estimés à 700 000 en 2006, selon une étude menée par le Ministère des Enseignements Maternel et Primaire (MEMP) avec l’appui financier de l’UNICEF. Prévue pour couvrir les 77 communes du Bénin, la mise en oeuvre du programme au cours de la phase pilote est effectuée dans des centres PCA situés dans 18 communes de 8 départements du pays. L’encadrement des apprentissages est assuré par des animatrices et des animateurs. Les maîtres d’ouvrage sont les communes conformément à une approche décentralisée.

Après deux ans de pratique dans le cadre de la phase pilote et en conformité avec les exigences du principal bailleur de fonds qu’est l’USAID, la décision a été prise de réaliser une évaluation à mi-parcours du PCA. Il est prévu que les résultats de l’évaluation soient partagés au niveau des acteurs de tous les niveaux : central, déconcentré ou décentralisé, communal et local.

L’approche choisie pour conduire l’évaluation se veut à la fois, quantitative, qualitative, résolument participative et respectueuse du principe de triangulation.

La démarche d’évaluation comprend deux grandes étapes ; une première consacrée à l’analyse documentaire, à des enquêtes exploratoires, à l’élaboration des outils ; puis une deuxième consacrée à des investigations plus approfondies sur le terrain.

Au cours de cette dernière phase, deux modalités d’échantillonnage ont été utilisées : l’échantillonnage exhaustif (pour des effectifs faibles, inférieurs à 100), l’échantillonnage par choix raisonné ou par quotas (avec des critères tels que : homme ou garçon/filles ou femmes, zone favorisée/défavorisée, zone déshéritée/non déshéritée, etc.).

Sur cette base, tous les 33 centres fonctionnels disséminés dans 18 communes, ont été visités. Ils se situent dans 8 départements du pays : Alibori, Atacora, Atlantique, Couffo, Donga, Ouémé, Plateau et Zou. Cependant, les 18 centres nouvellement mis en place dans les dix nouvelles communes bénéficiaires en 2014-2015 n’ont pas été pris en compte dans le champ des investigations.

Les groupes-cibles suivants ont été enquêtés avec des tailles déterminées de façon à minimiser la marge d’erreur (moins de 5 %) :

  • Des bénéficiaires indirects : 18 responsables de structures nationales ou responsables centraux (MEMP, UNICEF, autres PTF et ONG comme USAID, Coopération Suisse, etc.) ; 387 parents d’apprenants, 66 animateurs/trices des centres PCA, 100 patrons d’ateliers, 85 responsables communaux (maires, adjoints de maires, points focaux, Chefs de service de la promotion sociale, du développement rural, de la santé... ), 48 Chefs de Circonscription Scolaires (CCS) et Conseillers pédagogiques (CP), 66 enseignants/directeurs d’écoles formelles.
  • Des bénéficiaires directs : 327 apprenants (206 filles et 121 garçons).

Dans l’ensemble, 1097 personnes (463 femmes, soit 42,2 %, et 634 hommes) ont été interrogées au cours de la collecte des données.

À travers cette question, il s’agit de voir dans quelle mesure la mise en oeuvre du programme ne perturbe pas négativement ou ne gêne pas les activités socioprofessionnelles menées par les apprenants. 

À ce sujet, les apprenants eux-mêmes estiment à une grande majorité (86,5 %) que le fait de fréquenter un centre PCA ne les empêche pas de poursuivre leurs activités habituelles (voir tableau 12 en annexe 5). 

Cependant, il est bon de retenir aussi que, pour la minorité d’apprenants qui estime que le PCA est inadapté, leurs plaintes portent sur la perturbation de leur mode de vie habituelle (manque de temps pour mener des activités socioéconomiques, perturbation du sommeil, fatigue, etc.), toute chose qui, en somme, paraît normale.

Une majorité confortable d’apprenants (79 % environ) estime que la mise en oeuvre du PCA ne les empêche pas de poursuivre leurs activités d’apprentissage de métier dans les ateliers ou d’autres activités socio-économiques. 

À la lecture du tableau 2 ci-dessus, la conclusion qui s’impose aussi, est la suivante : le fait de fréquenter les centres PCA n’empêche pas la poursuite des apprentissages professionnels par les apprenants selon la grande majorité des acteurs interrogés. 

On est tout de même tenté de relativiser les propos des apprenants et des acteurs, puisque, plus loin, nous verrons que le fait de fréquenter les centres PCA est source de perturbations pour les activités de formation professionnelle dans divers ateliers. Mais en réalité, il faut reconnaître que dans les dispositions prévues, la mise en oeuvre du PCA ne doit pas en principe, empêcher les apprenants de poursuivre leur formation professionnelle (grande flexibilité des emplois du temps, par exemple). Par contre, dans la mise en oeuvre pratique du PCA, le non-respect intégral ou optimal des dispositions prévues, peut faire en sorte que les apprentissages dans les centres soient difficiles à concilier avec la formation professionnelle dans les ateliers. C’est pourquoi, au sein de la minorité d’apprenants (13 %) qui estime que le programme ne leur permet pas de poursuivre leur formation professionnelle, 24 d’entre eux évoquent comme raison « l’inadéquation de l’emploi du temps du PCA à leurs apprentissages professionnels » (cf. tableau 13 en annexe 5).

Une des priorités du Bénin est la scolarisation universelle à l’horizon 2015. Or celle-ci est compromise par la présence d’un grand nombre de non scolarisés et de déscolarisés. Le PCA est donc une nécessité absolue pour atteindre l’objectif stratégique de l’accès à l’école pour tous les enfants du pays. 

Il paraît donc évident que le PCA est bien en concordance avec les priorités nationales du Bénin comme le reconnait d’ailleurs une grande partie des acteurs interrogés. Ainsi, les 4 responsables centraux interrogés, 46 des 48 CCS et CP, 89 % des responsables communaux affirment que les objectifs du PCA sont bien en adéquation avec les priorités nationales du Bénin (voir tableau 16 en annexe 5).

Une évaluation des besoins au démarrage du PCA a eu lieu à travers l’étude de faisabilité conduite en 2006 par Anne P. OBURA (voir 3.1.3.1). Cette étude a non seulement évalué la demande (estimée à 700 000 enfants exclus de l’école), mais aussi pris en compte les enfants issus des couches les plus défavorisées (enfants bouviers, « randos », etc., cf. profil socioprofessionnel en 3.1.1.1). 

Sur ce point, une majorité relative des enquêtés, à l’exception des apprenants, reconnait, soit qu’elle a été consultée pour connaître leurs besoins, soit qu’une évaluation des besoins a été réalisée en amont du processus, quoique des animateurs dans ce cas, aient avancé des périodes inexactes de cette évaluation.

L'efficacité du PCA est globalement relative au regard des résultats quantitatifs et qualitatifs atteints qui sont en deçà des attentes et des insuffisances constatées : 56 centres PCA (dont 5 non fonctionnels) sur 154 attendus et logés parfois dans des sites inappropriés et dans des bâtiments vétustes ; un effectif cumulé de 6272 apprenants pour les 56 centres, 5461 pour les 33 centres fonctionnels visités (dont une majorité de filles, 62 %) mais avec un faible taux de fréquentation (60 à 70 % selon les années) ; des apprenants irréguliers en classe, d’un niveau moyen (avec tout de même des « îlots » d’excellence ou des élèves brillants et aussi des élèves forts médiocres) ; 66 animateurs/trices (17 femmes, 49 hommes) faiblement et irrégulièrement payés et par conséquent instables à leur poste.

L'efficience du PCA est relativement appréciable au regard du rapport coût–efficacité provisoirement remarquable, de la bonne gestion globale des ressources utilisées estimées à 886 000 000 de FCFA environ. Toutefois, il est possible de l’améliorer à travers une plus grande rigueur dans la gestion.

L’impact du PCA est précocement ressenti comme en témoignent deux faits importants : un changement de mentalités en faveur de l’éducation en général (la présence d’adultes et même de personnes âgées qui ont pris la place des jeunes en est une preuve palpable) ; et le réinvestissement par les apprenants de leurs acquis dans leurs activités professionnelles ou dans la vie de tous les jours.

Un potentiel à même de pérenniser le PCA existe, parce que les communes, le Gouvernement s’en sont bien appropriés malgré des difficultés. Mais, si la pérennisation se résume à seulement prendre en charge le programme sans l’appui des PTF, c’est là où résident les limites de ce critère, vu que la majorité des acteurs demande à l’UNICEF de ne pas les « sevrer précocement » de son appui (c’est-à-dire de ne pas mettre fin à son aide ou à son appui).


Destinataires : Gouvernement

Niveau d'exécution : Inconnu

Destinataires : Gouvernement

Niveau d'exécution : Inconnu

Destinataires : Gouvernement

Niveau d'exécution : Inconnu

Destinataires : UNICEF et USAID

Niveau d'exécution : Inconnu

Destinataires : UNICEF et USAID

Niveau d'exécution : Inconnu

Destinataires : UNICEF et USAID

Niveau d'exécution : Inconnu

Destinataires : Responsables communaux

Niveau d'exécution : Inconnu

Destinataires : Responsables communaux

Niveau d'exécution : Inconnu

Destinataires : Responsables communaux

Niveau d'exécution : Inconnu

Destinataires : Communautés

Niveau d'exécution : Inconnu

Destinataires : Communautés

Niveau d'exécution : Inconnu

Destinataires : Communautés

Niveau d'exécution : Inconnu

Destinataires : Patrons d'atelier et parents

Niveau d'exécution : Inconnu