
Évaluation finale du Programme de Cours Accélérés (PCA) au Bénin
2019
MEMP : Ministère des Enseignements Maternel et Primaire
Martin COMPAORE, Jacob Dossa DAGAN : Consultants
Evaluation participative
Programme de Cours Accélérés au Bénin
Education | Equité | Genre
Education
L’objectif essentiel assigné à l’évaluation est de mener une analyse critique et critériée (1) de la chaîne des résultats (c’est-à-dire les intrants ou inputs, les produits ou extrants, les impacts attendus et les effets non prévus), (2) des stratégies d’intervention, (3) des bonnes pratiques contextuelles et (4) de la couverture des interventions.
De façon spécifique, il s’agit de (d’) :
(1) Apprécier la performance du projet à l’aune des critères d’évaluation du CAD-OCDE (pertinence, efficacité, efficience, durabilité, impact) ainsi que du critère genre et équité/droits humains (critère ajouté par UNICEF en conformité avec les directives du Groupe d’Évaluation des Nations Unies (GENU) et le critère d’adhésion (proposé par les consultants) ;
(2) Analyser les écueils ou défis du PCA (par exemple, la déperdition scolaire, les difficultés de paiement des salaires des animateurs, et autres difficultés listées dans les TdR) ;
(3) Analyser les Forces, les Faiblesses, les Opportunités et les Menaces (analyse FFOM) du PCA en vue de tirer les enseignements de la mise en œuvre du projet ;
(4) Formuler des recommandations stratégiques et opérationnelles destinées à l’UNICEF et à ses partenaires pour mieux adresser la question des enfants hors de l’école à l’échelle nationale dans les années à venir.
Face à l’ampleur de la problématique des Enfants et Adolescents en Dehors de l’Ecole (EADE ou OOSC), des institutions internationales telles que l’UNICEF en partenariat avec l’UNESCO et d’autres partenaires ont lancé dans de nombreux pays l’initiative en faveur des EADE afin de contribuer à l’atteinte du quatrième Objectif de Développement durable (ODD) et d’empêcher que ces enfants ne soient la proie facile des fléaux sociaux et des mouvements extrémistes violents. Les initiatives du gouvernement du Bénin (où l’on dénombre 700 000 EADE en 2006 et plus de 2 millions d’EADE en 2018) s’insèrent bien dans ce mouvement général et se traduisent par la mise en place du Programme de Cours Accélérés (PCA) en 2011 dans le cadre du Programme de coopération BENIN-UNICEF. Le projet PCA mis en œuvre depuis 2012 qui a fait l’objet d’une évaluation à mi-parcours en 2015, arrive à son terme en décembre 2018. C’est pourquoi une évaluation finale a été commanditée en vue de répondre aux exigences du bailleur de fonds et d’atteindre des objectifs précis.
L’évaluation repose sur la combinaison de plusieurs approches : approches participative, mixte (quantitative et qualitative) et approches basées sur les principes de triangulation, d’équité, des Droits de l’Homme (DH) et de l’Egalité des Sexes (EGS). Une démarche méthodologique en trois grandes phases a été suivie : (1) une phase préparatoire marquée par la validation d’une note de cadrage (protocole, outils de collectes, plan de travail) et la rédaction d’un rapport de démarrage ; (2) une phase de collecte de données primaires sur le terrain ; (3) une phase consacrée au traitement et à l’analyse des données suivis de la rédaction du rapport provisoire soumis à la validation par le comité de pilotage avant la livraison du rapport final puis du management response.
Les informations ont été recueillies dans 10 départements et, plus spécifiquement, dans 46 sur 61 communes d’intervention et dans 54 centres PCA, par une équipe constituée de 42 enquêteurs et 9 superviseurs nationaux préalablement formés. Parmi les outils de collecte figurent, des questionnaires, des guides semi-structurés pour des entretiens individuels, des focus group et des études de cas, des grilles d’observation de terrain et de séances de classe. Les données ont été collectées auprès de 1533 personnes (dont 49% de femmes/filles) réparties dans les quatre niveaux, central, déconcentré, décentralisé et local. Au titre des limites ou contraintes, notons principalement la non disponibilité des cibles à interroger au moment des enquêtes. Cependant, des mesures telles que l’organisation de missions supplémentaires ou bien l’adoption des méthodes d’entretien à distance, ont permis de surmonter ou d’atténuer ces difficultés.
Chacun des objectifs du projet (atteindre l’accès à une éducation universelle de qualité en accordant une deuxième chance aux EADE, faire acquérir des compétences de lecture, d’écriture, de calcul et des compétences de vie courante ou CVC) est aligné sur les priorités du Bénin et ses engagements internationaux ; une évaluation des besoins a précédé la mise en place du projet à travers une étude de faisabilité réalisée en 2006 dont les résultats ont bien été utilisés dans la proposition d’un modèle PCA.
Les huit (8) produits planifiés de 2012 à 2018 sont presque tous atteints : (P1) une étude de base est réalisée, (P2) quatre documents de politique éducative sont élaborés, mais les textes officiels régissant le PCA ne sont pas encore rédigés par le MEMP ; (P3) les contenus de cours et les documents d’accompagnement sont disponibles ; (P4) 125 centres PCA ont été mis en place dans 61 communes sur les 77 que compte le Bénin; (P5) 264 animateurs/trices (dont 69 femmes) ont été formé(e)s et ont dispensé des cours de qualité selon les données recueillies ; (P6) de nombreuses campagnes annuelles de sensibilisation ont été menées dans les zones d’intervention afin d’identifier les EADE qui veulent s’inscrire et se former dans les centres ; (P7) l’évaluation finale est réalisée ; (P8) le projet SCS a bénéficié d’un soutien technique, administratif et logistique adéquat pour dispenser des cours de qualité. A ces résultats s’en ajoutent d’autres plus modestes qui n’avaient pas été planifiés, tels que le nombre total d’apprenants (3797 dont plus de 71% de filles) et le nombre d’apprenants admis au CEP (un total de 332 dont 168 filles). Toutefois, diverses contraintes liées à l’offre et à la demande ont joué négativement sur l’atteinte des résultats. Parmi les défis plus grands on peut rappeler les suivants: l’implication insuffisante des structures centrales et déconcentrées du MEMP dans le suivi du projet, l’incapacité des communes (ciblées par le programme) à mobiliser les ressources financières pour assurer le paiement des salaires des animateurs qui ont alors démissionné en grand nombre entraînant du coup la fermeture des centres (32 sur 54 centres visités) et trois (3) centres non encore ouverts, le faible taux de fréquentation en raison des abandons massifs des apprenant-e-s, la participation encore insuffisante des parents et des patrons dans le suivi des centres même si des exemples de bonnes pratiques sont enregistrées.
Les résultats ont été atteints grâce à la gestion rigoureuse du budget du programme évalué à 2 528 691 $USD selon la majorité des acteurs qui n’ont pas observé des cas de gaspillage de ressources. Au vu des résultats obtenus par le programme et des avantages tirés de l’investissement notamment la possibilité de saisir les opportunités d’éducation et de formation professionnelle pour les bénéficiaires, on peut conclure que l’investissement a été bénéfique. Aussi vu que la majorité des bénéficiaires sont des femmes/mères, l’éducation de base fournie aux jeunes filles aura un impact sur leur bien-être et celui de leur famille notamment des enfants car ils pourront réaliser les autres droits de l’enfant. Ainsi il y aura un retour de l’investissement à court terme. Il est difficile d’atteindre les mêmes résultats avec moins de moyens ce d’autant plus que le coût unitaire de la formation dans un centre PCA (près de 70 000FCFA) est parmi les plus faibles en comparaison avec des expériences similaires au Bénin et ailleurs dans la sous-région. Des facteurs de gestion, tels que le rôle de l’UNICEF et la présence de cadres compétents du MEMP, ont renforcé l’efficience. Celle-ci devient relative si l’on considère que la démission des animateurs/trices est une forme de gaspillage qui ne dépend pas toutefois du PCA.
Le gouvernement, les communes et les communautés se sont approprié le PCA à des degrés différents et avec des points faibles qui traduisent la nécessité de consolider cette appropriation ; mais des conditions et des facteurs existent pour une appropriation et une pérennisation du programme.
Les filles et les garçons des zones défavorisées ont désormais accès à une éducation de qualité grâce au PCA, même si le taux d’achèvement (35% en moyenne) reste faible. Sur le critère de l’équité/genre, des Droits de l’Homme (DH) et de l’Egalité des Sexes (EGS) : les filles et les garçons des zones rurales défavorisées ont bénéficié du programme de façon équitable. Il faut souligner que le PCA a en particulier pu offrir une école de seconde chance aux filles des zones défavorisées qui représentent 71% des bénéficiaires composés des filles en grossesse et filles-nourrices.
Le PCA a été bien accueilli par plus de 90% des acteurs qui ont adhéré à ses objectifs et aux activités planifiées. Cependant, les déclarations d’intention et d’engagement sont en déphasage avec l’insuffisance des actions menées par chacun à son niveau pour des raisons culturelles, contextuelles/conjoncturelles (la pauvreté surtout).
Destinataires : MEMP, Communes
Niveau d'exécution : Inconnu
Destinataires : MEMP
Niveau d'exécution : Inconnu
Destinataires : MEMP
Niveau d'exécution : Inconnu
Destinataires : Communes
Niveau d'exécution : Inconnu
Destinataires : UNICEF
Niveau d'exécution : Inconnu
Destinataires : MEMP
Niveau d'exécution : Inconnu
Destinataires : MEMP
Niveau d'exécution : Inconnu
Destinataires : MEMP, Communes
Niveau d'exécution : Inconnu