Rapport d'achèvement du Programme d'Appui au Développement Participatif de la Pêche Artisanale (PADPPA)

Rapport d'achèvement du Programme d'Appui au Développement Participatif de la Pêche Artisanale (PADPPA)

2011

MAEP : Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche

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Evaluation thématique

Programme d'Appui au Développement Participatif de la Pêche Artisanale (PADPPA)

Environnement | Genre | Economie sociale

Rural

Le but du PADPPA est d’améliorer les conditions de vie des populations vivant principalement des produits de la pêche. L’objectif général du projet est de contribuer à la lutte contre la pauvreté des ménages de pêcheurs les plus défavorisés participant à la production, à la transformation et à la commercialisation des produits halieutiques, avec une attention particulière aux femmes dont l’activité dans le sous secteur est importante et susceptible de se développer. Cet objectif général est décliné en trois objectifs spécifiques : (i) restaurer et accroître durablement les potentialités des plans d’eau, (ii) renforcer les capacités des communautés cibles à gérer efficacement les ressources naturelles, (iii) diversifier les moyens d’existence des communautés de pêcheurs afin de réduire durablement la pression sur les plans d’eau.

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Pertinence des objectifs du Programme par rapport au contexte

Face à la dégradation très prononcée des écosystèmes aquatiques, aux conflits intercommunautaires nés de la gestion anarchique des plans d'eau et à la pauvreté continue des communautés de pêcheurs, le gouvernement béninois a fait élaborer le Programme d'appui au développement participatif de la pêche artisanale (PADPPA) d'un montant d'environ 15 milliards de FCFA financé sur un prêt conjoint du FIDA et du FAD. Le PADPPA est donc une réponse aux problèmes de surexploitation qui ont entraîné la dégradation des ressources halieutiques et la baisse du pouvoir d’achat des pêcheurs opérant sur les plans d’eau du sud-Bénin. 

Pertinence des objectifs du Programme par rapport aux besoins des ruraux pauvres

Le PADPPA vise à la fois une meilleure gestion des plans d’eau et un mieux être des populations vivant dans les zones de pêche. . Selon les résultats de l’étude d’impact socioéconomique du PADPPA en 2011, l’analyse de la pertinence montre que les réalisations du PADPPA sont en grande partie concordantes avec les besoins des populations. Cependant, dans sa conception, le PADPPA a souffert d’un manque de prise en compte suffisante de la sécurité alimentaire qui constitue un besoin important des populations. La mise en œuvre du PADPPA devrait entraîner une réduction de la production de la pêche continentale de manière à la ramener de 33 000 tonnes à 18 000 tonnes par an

Politique du Gouvernement dans le secteur agricole
Avec l’adoption des Documents de Stratégies et de Réduction de la Pauvreté (depuis la stratégie intérimaire jusqu’aux SCRP), la politique agricole s’est inscrite dans les orientations générales définies. En ce qui concerne le sous secteur de la pêche, c’est à partir de 2007 avec le document de Politique de Développement du sous secteur des Pêches en République du Bénin (PDP), que les stratégies et actions ont été clairement élaborées pour le développement des filières halieutiques.
Politique du FIDA dans le secteur agricole
Le FIDA adhère aux principes de la déclaration de Paris notamment celui sur l’alignement des PTF sur les priorités définies par les politiques nationales. Il s’en déduit que le PADPPA est en parfaite cohérence avec la politique du FIDA dans le secteur agricole et rural. En effet, les objectifs du PADPPA s’inscrivent bien dans le cadre d’intervention stratégique du FIDA au Bénin (COSOP) dont l’objectif général est de soutenir le gouvernement dans sa Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté (SCRP) et de contribuer à atteindre l’Objectif 1 des OMD qui consiste à réduire le taux de pauvreté de moitié d’ici 2015.
Cohérence avec les autres politiques sectorielles
En tant que premier programme intégré du sous secteur Pêche, le PADPPA a mené des actions d’ordre social qui sont en parfaite cohérence avec les politiques sociales définies avant ou après lui, à savoir :

les Plans Nationaux de Développement du Secteur Santé;

le Plan Décennal de Développement du Secteur de l’Education (PDDSE) pour la période 2006-2015 

la Politique Nationale d’Education des Filles adoptée par le Gouvernement en 2007 ;

la Politique Nationale de l’Emploi au Bénin ;

la Politique de Développement de la Micro finance (PDM) 2007-2015

La mise en œuvre du PADPPA a connu une évolution record au cours des trois dernières années, période où le FIDA s’est impliqué dans la supervision directe du programme. En effet, la gestion directe par le FIDA de sa contribution financière à la mise en œuvre du PADPPA a permis d’accélérer son exécution : le taux de réalisation physique du PADPPA est passé de 24% à la revue mi-parcours en 2008 (après 5 ans d’exécution) à 70,15% en fin de programme (2011). L’amélioration notoire du taux de réalisation après la revue à mi parcours s’explique par la volonté affichée par l’ensemble des parties à contribuer à cette amélioration afin que le Programme laisse au niveau des communautés, à son achèvement, les bases essentielles par lesquelles les objectifs initiaux pourraient être atteints

L’expérience du PADPPA n’a pas permis de dire de façon précise combien de pêcheurs ont été sortis des plans d’eau ou reconvertis à 100% dans d’autres activités. Selon les études d’impact socio-économiques, ce temps consacré aux AGR leur fait gagner 366 F CFA par jour de plus que ceux qui n’ont pas bénéficié des actions du Programme, soit un gain de plus de 347 Millions de francs CFA par an. Ce revenu supplémentaire n’est certainement pas encore suffisamment motivant pour amener les bénéficiaires à allouer 100% de leur temps à l’activité hors pêche. On peut cependant noter que les ressources investies sur les bénéficiaires impactent positivement leurs conditions de vie et qu’avec la poursuite des efforts, les AGR hors pêche pourraient ainsi offrir des avantages comparatifs égaux ou supérieurs à ceux de la pêche

Les points d’inefficience relevés dans le cadre de la gestion du Programme concernent les retards énormes (allant jusqu’à 3 ans) observés avant le démarrage des opérations de terrain.

Revenu et sécurité alimentaire et nutritionnelle

Selon l’étude d’impact socioéconomique, la participation au PADPPA a eu un effet positif sur le revenu des bénéficiaires. Les interventions du Programme ont contribué à augmenter de 133 680 FCFA environ le revenu annuel des bénéficiaires, soit un surcroît du revenu journalier de 366 FCFA par bénéficiaire du PADPPA. Cependant, la situation alimentaire et nutritionnelle des bénéficiaires du Programme n’est pas significativement différente de celle des non-bénéficiaires. . L’effet induit par la participation au Programme sur le revenu des bénéficiaires n’est pas encore suffisamment grand pour induire une amélioration significative dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages appuyés

Ressources naturelles et environnement

Il ressort de l’analyse que dans l’ensemble des zones, la pêche a connu une régression très considérable de 2000 à 2005 et 2005 à 2010. En effet, les quantités de poissons pêchés ont totalement diminué du fait d’une baisse de la productivité au niveau des plans d’eau avec une chute nette de la taille moyenne des poissons. Cette situation est aggravée par la disparition de certaines espèces, ce qui réduit sans doute la diversité des espèces pêchées. Comme corollaires, il s’en est suivi la réduction de la fréquence de pêche et la diminution des revenus issus de la pratique de l’activité de pêche. 

Durabilité politique et institutionnelle.

Les efforts actuels des responsables vont dans le sens de la négociation d’une deuxième phase du Programme. En cas de succès, c’est très important que cette deuxième phase se réalise avec une forte implication de la Direction des pêches et des démembrements des CeRPA. De nouveaux projets sont en voie de démarrage ou de mise en œuvre avec des composantes dans le secteur pêche qui pourraient poursuivre certaines actions du PADPPA : PADA, PROVAC.

Durabilité environnementale 

La prise en compte de l’environnement a été au centre des actions du PADPPA. Les formations données dans le cadre du maraîchage ont mis l’accent sur l’utilisation des intrants spécifiques voire biologiques. On note également des actions dans le sens de  la réduction du phénomène d’érosion, l’augmentation relative de la population de poissons

Durabilité sociale et organisationnelle

Le PADPPA a permis dans une certaine proportion l’amélioration du niveau de vie des populations sur l’ensemble de la zone d’intervention. Ainsi, grâce à l’augmentation substantielle de ressources induites par le Programme, les familles font notamment face aux charges d’éducation des enfants (achat de fournitures, autres besoins, etc.). Certains bénéficiaires se sont davantage dotés d’équipements complémentaires de travail

Durabilité économique et financière

Les activités alternatives développées par le PADPPA (élevage de lapins et/ou de porc, et maraîchage) sont globalement rentables. Mais en raison du recours aux aliments améliorés dans le cadre du petit élevage par exemple, il y a un risque permanent pour que le coût de l’alimentation devienne prohibitif pour la rentabilité des activités. La rentabilité de la pisciculture promue dans le cadre des AGR pêche présente également le même risque.

Durabilité technique

les nombreuses formations organisées à l’intention des bénéficiaires ont eu un impact significatif sur les populations notamment dans le domaine du savoir et du pouvoir. Autrement, de par les connaissances acquises, les bénéficiaires en l’occurrence les femmes sont dotées d’une capacité et d’une autonomie tant techniques que financières. Désormais, les associations et les différentes institutions de gestion au niveau local existent et il n’y a point à douter de leur fonctionnement. La viabilité de ces AGR hors pêche pourrait être à long terme menacée par l’insuffisance de moyen financier et le manque de débouchés auxquels sont confrontés certains acteurs. Les acquis des différentes formations seront donc difficiles à préserver si rien n’est fait pour améliorer l’accès de ces acteurs aux services financiers.